Les transports sont responsables de plus d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Avec la croissance démographique et l’augmentation de la demande par habitant dans les pays en développement, le GIEC a alerté sur l’augmentation de ce chiffre à un rythme encore plus rapide au cours des prochaines décennies. C’est donc sans surprise que de nombreuses régions du monde ont identifié le transport comme un problème clé pour atteindre leurs objectifs de zéro émission nette d’ici 2050. L’électrification des transports, si tant est que l’énergie utilisée soit propre, est donc souhaitable.
Alors que pour beaucoup, le verdissement des transports rime avec voitures électriques, le sujet est bien plus large que cela. La Commission Européenne a mis l’accent sur le rail en lançant en 2021 “l’Année Européenne du rail”. Mais l’Europe a pris depuis longtemps le virage du ferroviaire, incluant les trains à grande vitesse, et son réseau est déjà électrifié à hauteur de 60%. Au Canada, selon un rapport publié en 2020 par le Consortium canadien de recherche et d’innovation en transport urbain (CUTRIC), l’adoption du rail électrique est « plus lente que dans la plupart des pays développés et que dans certains pays en développement ». Des pays comme la Grèce, la Macédoine ou la Roumanie ont déjà électrifié plus de 30% de leurs voies ferrées. Au Canada, ce chiffre tombe en dessous des 1%. Les choses évoluent cependant dans le bon sens pour le transport de passagers, surtout dans les espaces urbains, mais les trains de marchandises canadiens semblent s’entêter à brûler du diesel pour fonctionner. C’est regrettable, surtout quand on sait que Le Canadien National (CN) et le Canadien Pacifique (CP) sont responsables de plus de 95 % des tonnes – kilomètres annuels du secteur ferroviaire canadien. D’autant qu’à l’heure actuelle, alors qu’on peut envisager un monde où le transport de passagers est drastiquement diminué (le Covid19 l’a démontré et certains prônent la sobriété dans les transports comme solution à la décarbonisation), c’est beaucoup moins évident pour le fret. Ce sont par exemple les camions qui amènent la nourriture jusqu’à nos grandes métropoles. Paris, n’a que 3 jours de réserves alimentaires, comme le rappelle Jean-Marc Jancovici, un expert français de l’énergie et du climat, dans un article récent.
D’autres solutions existent
TransPod Inc, une société canadienne basée à Toronto, développe des véhicules aérospatiaux, ou FluxJet, conçus pour transporter les passagers et les marchandises entre les villes à très grandes vitesses. Plus rapide que les voyages en avion, le système de tubes TransPod est une alternative rapide et écologique au trafic autoroutier. Les véhicules FluxJet sont entièrement électriques et n’ont pas besoin de combustibles fossiles pour fonctionner, ce qui entraîne une diminution drastique des émissions de gaz à effet de serre. Pour s’assurer que cette électricité soit propre et renouvelable, TransPod travaille avec des fournisseurs d’électricité locaux, spécialisés en énergies renouvelables.
TransPod développe aujourd’hui sa technologie pour une ligne entre Edmonton et Calgary, grâce au support de la province de l’Alberta. Le trajet entre ces deux villes sera réduit à 45 minutes alors qu’il faut aujourd’hui environ 3 heures en voiture pour faire le voyage. L’énergie solaire est la principale source d’énergie prévue pour cette ligne et le projet permettra d’éviter une moyenne de 636 000 tonnes d’émissions de CO2e par an, soit plus de 22 millions de tonnes de CO2e entre la date de lancement commercial et 2060. À titre d’exemple, 636 000 tonnes de CO2e équivaut à la quantité de carbone séquestrée par 780 000 acres de forêt par an, ce qui est environ 4 fois plus grand que la ville entière de Calgary. Il s’agit d’un grand pas dans la bonne direction pour que le Canada atteigne ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre.
De la même façon, une ligne TransPod entre Montréal et Toronto permettrait aux passagers et marchandises de voyager en une heure environ entre les deux villes. La ligne réduirait drastiquement les émissions produites par le transport routier ou aérien aujourd’hui privilégié pour ce trajet, faute de plus rapide. “Quand nous avons évoqué une hypothétique ligne entre Toronto et Montréal lors de notre événement d’inauguration en juin dernier, l’audience a littéralement applaudi, l’attente est très forte” raconte Sebastien Gendron, le PDG de la société.